Non, pas toi !
Publié le 26 Septembre 2003
A l’âge de 13 ans je suis allé à la fête de Mardi Gras d’un petit village de l’Isère avec GB, un copain de classe. Le genre de fête où les garçons de bonne famille faisaient bouffer des confettis aux filles en profitant de l’agitation pour les peloter à leur guise… Celles qui s’y prêtaient étaient assurément consentantes. Mais ce soir là était un peu exceptionnel, m’avait prévenu GB, parce qu’il y aurait Paulette, la femme du chef de gare — ça ne s’invente pas ! — « une qui ne pense qu’à ça ». Effectivement, cette femme de 30 à 40 ans était là, assez jolie dans mon souvenir, portant une robe légère plus décolletée que ne le permettait la saison. J’ai d’abord observé GB de loin dans son petit jeu ; c’est vrai qu’elle riait comme une folle et qu’elle en redemandait… Le désir étant plus fort que ma timidité, j’ai fini par y aller moi aussi. Mais quand j’ai essayé de cueillir les fruits mûrs de son généreux étalage, elle m’a regardé d’un air suppliant : « Non ! Pas toi ! »
Ce cri et ce regard m’ont longtemps tenu à distance des femmes. Elles étaient « pour les autres », si bien qu’à 20 ans je n’ai même pas réalisé que j’avais tout pour plaire. J’ai conservé un fond de culpabilité : le regard d’une femme qui surprend un petit vicieux les mains sur ses nichons. Pas facile de rester spontané et confiant quand on s’attend à entendre un coup de sifflet de la cheffe de gare : « Non, pas toi ! »
Ce cri et ce regard m’ont longtemps tenu à distance des femmes. Elles étaient « pour les autres », si bien qu’à 20 ans je n’ai même pas réalisé que j’avais tout pour plaire. J’ai conservé un fond de culpabilité : le regard d’une femme qui surprend un petit vicieux les mains sur ses nichons. Pas facile de rester spontané et confiant quand on s’attend à entendre un coup de sifflet de la cheffe de gare : « Non, pas toi ! »